L'homosexualité en milieu carcéral - Partie 2

05/06/2020

Pallier le manque affectif par l'homosexualité

La sexualité de compensation

Bridés dans leur sexualité, les prisonniers se livrent à des pratiques dites de « compensation » : la pornographie, la masturbation et le recours à l'homosexualité, qui se développe de plus en plus en milieu carcéral. Les établissements pénitentiaires quant à eux, sont dans l'obligation d'offrir aux détenus des solutions de compensation au besoin sexuel. Depuis une dizaine d'années on observe l'augmentation de diffusions de programmes pornographiques ou de distribution de magasines X.

Ces pratiques risquent de provoquer une distance entre le détenu et son compagnon. Prison Insider l'indique, « il n'y a plus d'appréciation du corps de l'autre. A force, il s'agit de considérer l'autre comme objet et plus comme conjoint. Les codes de la sexualité et plus même ceux de l'amour, l'attention, l'émotion et le désir disparaissent pour laisser à la brutalité ou à l'irréel de l'univers pornographique ».

L'homosexualité de substitution

Enfermés pendant plusieurs semaines, mois ou années, les relations entre détenus se présentent dans la majorité des cas comme étant la seule solution pour entretenir des rapports sexuels et plus même pour pallier le manque affectif et sexuel. Malgré l'homophobie oppressante et omniprésente dans l'univers carcéral, l'homosexualité est une pratique courante en prison.

Il parait important de rappeler que l'homosexualité de « substitution », d'après les études d'Arnaud Gaillard, réalisées en 2010, se manifeste davantage lorsque la peine du détenu est longue. Prison Insider rapporte que « plus la peine du détenu est longue, plus le manque de tendresse, d'attention se fait ressentir. Les détenus parlent entre eux et finissent par se rendre compte qu'ils éprouvent un désir mutuel, pour ceux qui partagent leur cellule ».

L'homosexualité vecteur de prostitution

Enfin, céder à une homosexualité carcérale peut être perçu comme un moyen de rester protéger. La prostitution est pratique courante car utilisée comme moyen de chantage pour obtenir toutes sortes d'avantages, comme tabac et drogues. Il s'agit d'une homosexualité de violence et de domination que l'on peut qualifier de prostitution.

Toutefois, selon Prison Insider, les violences sont tues et très peu renseignées par les articles scientifiques ou autres moyens de dénonciation. Viols et agressions sexuelles sont réels, mais les témoins par peur ou par honte, sont maintenus sous le poids de l'omerta.

Avec l'émergence d'une homosexualité forcée et subie, les prisons voient augmenter les transmissions de maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH, conséquences médicales donc désastreuses pour ceux qui en sont touchés, auxquelles viennent s'ajouter des traumatismes psychiques.

Pourtant la violence et la contrainte tuent le désir sexuel, élément fondamental de la santé physique et psychique. Ainsi la frustration laisse place à la haine contre les institutions, exacerbe les comportements exagérément virils et homophobes.

Virilité et masculinité face à une homophobie croissante

Simone Buffard dans son ouvrage Le froid pénitentiaire. L'impossible réforme des prisons, en 1973, qualifie le détenu comme étant celui qui « se définit tout entier par l'absence de phallus, il est celui à qui le pouvoir a été retiré, celui qui est à tout instant sous le pouvoir d'autres hommes. »

Dans la culture ou encore l'imaginaire collectif, les stéréotypes des établissements pénitentiaires sont souvent mis en exergue et poussés à leur paroxysme. C'est ce que l'on retrouve au sein même des prisons. Homosexualité entrainant homophobie, les détenus pour ne pas se retrouver au bas de la hiérarchie carcérale, au même rang que les homosexuels et les « pointeurs » - auteurs d'infraction à caractère sexuel (viols et pédophilie) - accentuent les traits de ce que l'on pense correspondre à la « virilité » dans les sociétés occidentales.

Dans ce processus de reconnaissance auprès des autres détenus, il s'agit d'éloigner de leur image les stigmates féminins, comme la faiblesse, associés aux homosexuels. Le sport occupe donc une place majeure au sein des prisons et peut être vu comme activité compensatoire aux relations sexuelles. Au même titre que dans d'autres domaines unisexués, comme l'armée par exemple ou bien le football, un mécanisme d'ordre collectif se met en place pour défendre les attributs fantasmés de la « virilité ». En entrant en prison il faut à tout prix conserver cette masculinité afin de rester dans la norme de la société de l'extérieur. Une certaine compétition s'installe comme si chacun devait prouver qu'il était plus « homme » que son compagnon de cellule. C'est dans cet imaginaire qu'ils se construisent une (nouvelle) identité, se traduisant parfois comme la seule condition à leur survie dans l'univers carcéral. Poussées à leur paroxysme, ces attitudes constituent le « virilisme ».

La découverte des pratiques homosexuelles a eu tendance à exacerber l'homophobie en prison, semant des troubles du narcissisme de leur identité masculine et du rapport à leur corps. Qui dit pratiques homosexuelles dit acteurs passifs et actifs incluant une perte du statut « d'homme » ainsi qu'une atteinte à la « masculinité ». Les codes sont comme renversés dans les établissements pénitentiaires, les actifs seraient alors en quête d'une plus grande virilité que les détenus dits passifs. Ne souhaitant pas être considérés comme « homos », les actifs deviennent la représentation et l'expression de l'homme fort qui domine, comme l'indique Prison Insider, le corps de l'autre détenu est alors utilisé comme substitution du corps de la femme, soumise. Le risque lors de cette pratique de l'homosexualité est de considérer l'autre comme objet.

Cette vision est soulignée par Ricordeau, en 2008, dans son ouvrage, Les détenus et leurs proches, Solidarités et sentiments à l'ombre des murs. Dans ses travaux, elle identifie cette position prise par les détenus à l'égard de l'homosexualité et ceux qui la pratiquent, et la nomme d'hétérosexisme.

Après s'être adonnés à des pratiques de ce genre les détenus hétérosexuels en entrant en prison se retrouvent face à eux même et face à une peur supérieure, celle de ne plus être la même personne en rejoignant le monde « de dehors ».


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