L'homosexualité en milieu carcéral - Partie 3

12/06/2020

L'homosexualité féminine carcérale


L'absence des femmes dans les études est due à leur infériorité numérique dans les prisons et à une représentation différenciée de leur sexualité.

L'homosexualité féminine en milieu carcéral se distingue sur différents points de celle des hommes. Dans son ouvrage, Prison Homosexuality : Myth and Reality, Propper en 1982, définit une sorte de respect du modèle familial, ce qu'il qualifie « d'homosociabilité féminine », autour de laquelle s'organise les relations sexuelles et affectives du fait de la désexualisation. Ces rapports seraient d'ordre du service ou de l'amitié ou encore vus comme un jeu entre les femmes. L'absence de pénétration ne mettant pas les hommes en concurrence, ils se trouvent moins hostiles à ces pratiques entre détenues, par ailleurs très souvent fantasmées.

L'homosexualité de circonstance prend une autre forme et connotation dans les quartiers féminins. Selon différentes études et comme l'indique Prison Insider, les relations entre détenues sont beaucoup mieux perçues par les autres personnes incarcérées. Jugées moins violentes et moins dominantes (à tort, tient à le rappeler l'association), les relations homosexuelles féminines engendreraient moins de violences sexuelles, selon les témoignages. Prison Insider indique que ces résultats sont biaisés face à la faible quantité des témoignages reçus. De plus les personnes qui témoignent sont moins souvent celles qui ont subi des violences sexuelles.

La population carcérale féminine est dite plus tolérante envers les pratiques entre détenues. Ricordeau, dans son ouvrage Prisons : Espaces du sexe et sexualisation des espaces, co-écrit avec Olivier Milhaud font le constat suivant : « les détentions féminines constituent l'un des rares espaces sociaux où les pratiques homosexuelles bénéficient de davantage de tolérance que les pratiques hétérosexuelles ».

La sexualité féminine est également sous considérée et c'est donc pour cela qu'elle est moins étudiée. Pendant longtemps dans l'imaginaire collectif, Prison Insider rappelle que la sexualité masculine a toujours été vue comme un besoin au détriment de celle des femmes, qui elles seraient davantage dans l'affect. Cela se traduit également par l'accès au porno. Nombreux sont les témoignages rapportés par Prison Insider, indiquant que la télé dans les quartiers féminins se coupe à minuit, l'heure à laquelle sont diffusées les émissions X, pourtant accessibles dans les quartiers masculins.

L'hétérosexualité féminine et sa tolérance en prison pourraient constituer un éventuel ébranlement de l'institution pénitentiaire. Accorder aux femmes une sexualité libérée engendrerait de possibles grossesses, donnant lieu à une augmentation des « bébés parloirs ».




La sexualité en milieu carcéral et son accès restent depuis le début des études menées, un sujet tabou autour duquel règne une réelle omerta. L'homosexualité étant une forme qui se développe davantage dans cet endroit clos, reste secret. Le voile tend de plus en plus à être levé par les études menées.

L'homosexualité est bien présente en prison, mais si celle-ci permet de garantir la paix derrière les barreaux, les institutions sont prêtes à fermer les yeux sur la violence et les dérives qu'elle génère qui sont délétères pour la santé mentale et physique des détenus. Pourtant il serait nécessaire de mieux prendre en compte la sexualité dans l'univers carcéral.

Plusieurs solutions sont envisagées par les chercheurs, sociologues et associations telles que Prison Insider, comme la mise en place de parloirs libres, permettant aux détenus d'entretenir des liens familiaux et conjugaux.

D'autres points de vue émergent pour pallier le manque affectif et sexuel, comme la création de prisons ou de lieux intra pénitentiaire mixtes permettant la cohabitation entre hommes et femmes. Des pays ont déjà mis en œuvre ce genre de pratiques, comme l'Espagne ou le Danemark qui proposent des activités mixtes aux prisonniers, améliorant la réinsertion sociale et par extension, sexuelle.

Il apparait donc que la privation d'affection et de sexualité entrainent une hausse de la violence, complexifiant le retour à la vie extérieure et les rapports familiaux et conjugaux. L'abstinence contrainte est considérée par les détenus, selon Ricordeau, comme « un moyen de destruction de la personnalité », une dépossession de leur corps qui les empêche de réapprendre le respect et la dignité.


Jade Sauvée


Article réalisé dans le cadre d'une enquête documentaire

© 2020 Blog de Jade Sauvée. Tous droits réservés.
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer