Les Barbares
Court-métrage réalisé par Jean-Gabriel Périot - 2010
Si une image vaut mille mots, l'œuvre de Jean-Gabriel Périot, Les Barbares, en est le parfait exemple. A son habitude, Périot joue avec des images chocs pour faire passer des messages précis. Son engagement politique, l'auteur de ces œuvres le montre à travers ses films mais surtout par sa manière si particulière de les monter, faisant de lui, l'un des maîtres du cinéma expérimental.
Cinq minutes. C'est le temps qu'il faut à l'auteur pour marquer le spectateur. Court mais efficace, il aime aller droit au but pour dénoncer, mettre en lumière des passages noirs de l'humanité, ici, celui de la désobéissance civile.
L'alternance mais surtout l'accélération et le ralentissement de la succession de ces images d'archives donnent du rythme au court et le rendent vivant et attrayant. L'ordre, le pouvoir, la "norme" diplomatique, ces images s'enchaînent et finissent par laisser place à des photos de manifestants, de soulèvements sociaux, de combats urbains, qui viennent déroger aux précédentes. Une question subsiste : le metteur en scène cherche-t-il à mettre en exergue deux formes de violence ?
La musique est aussi un choix important pour l'auteur, mais surtout pour le spectateur : il doit en effet rentrer dans le film et se sentir concerné voire cerné. La musique est sombre et mystérieuse, presque angoissante pour le spectateur et rythme parfaitement avec la combinaison des images, saccadée. Chose faite avec habileté de la part de Jean-Gabriel Périot.
Cinq minutes, le temps qu'il faut à Jean-Gabriel Périot pour lâcher le spectateur en eaux troubles, le laissant en pleine réflexion sur ce qu'il vient de voir : doit-il apprécier, ou au final se sentir dérouté ? L'interprétation est propre mais surtout libre à chacun et c'est cela qui plaît. Les spectateurs sont alors libres de porter leur propre jugement, qui n'est pas imposé.
Cinq minutes, c'est le temps qu'il faut pour apprécier cette œuvre, à laquelle, comme pour l'ensemble des créations originales de cet auteur, il ne faut pas s'empêcher de succomber.
Jade Sauvée