5 ans après la guerre

Court-métrage d'animation de Samuel Albaric, Ulysse Lefort et Martin Wiklund - 2017

Si la question de la place que nous occupons dans le monde n'est anodine pour personne, la mise en abime est particulièrement bien réalisée dans cette œuvre. Plus qu'une simple introspection de Tim, personnage principal, le film va plus loin et se dresse comme miroir de la société dans laquelle nous vivons.

Emportés par la narration mais surtout par les animations qui nous plongeraient presque dans un autre monde, les réalisateurs ont su, grâce au format spécial que prend ce court, témoigner d'un sentiment trop peu méconnu à l'égard du spectateur.

Place et importance de la religion et acceptation de soi et de ses origines, toutes ces questions sont abordées avec légèreté dans ce court. Cette sensation est sans doute produite par le format animé, travaillé jusque dans les détails et les couleurs, qui donnent une vivacité impressionnante à la fois au personnage et à l'histoire.

L'esthétique du film s'inscrit également dans le domaine onirique. Offrant également une dimension au-delà du réel, les réalisateurs incitent le spectateur à utiliser sa propre imagination et son vécu personnel pour faire vivre autrement le court.

Le secret de l'identité de la figure paternelle qui constitue le fil rouge du court, sensibilise le spectateur mais ne provoque pas les sentiments habituels, amenée davantage avec douceur. Le spectateur se sent concerné et inclus dans l'intimité du protagoniste, de la connaissance de son origine, ou plutôt de ses origines, aux retrouvailles avec son père.

Le court dévoile peu à peu la vie de Tim sans pour autant que le spectateur se trouve dans une posture trop indiscrète. Participant alors aux mouvances de la construction de son identité, le spectateur se questionne aussi sur la sienne.

L'histoire individuelle n'est alors pas le fruit d'une construction identitaire fixe, mais elle se forme avec l'histoire au pluriel, tout au long d'une vie.

Jade Sauvée